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Buter un flic

feat. Renaud Séchan (lol... enculé !)

Tags : 1er mai
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1 mai 2016 - 23:47




« Une balle, un flic !
— De quoi ?! Arrête tes conneries !
— Non, je suis sérieux ! Ces bâtards ne comprennent que ça !
— Ouais, mais enfin... Je vois bien que ça craint en ce moment, mais bon, faut quand même pas...
— Tu déconnes ? Les coups de matraques pleuvent. Les grenades, les coups de poing, de pieds, les décharges de gaz en pleine gueule. Eux aussi doivent saigner ! Moi, je dis : crever un seul de ces enfoirés, un seul par compagnie de CRS, ça les ferait réfléchir. Là, ils verraient, là ils comprendraient que nous aussi on peut rendre les coups. Qu'ils sont pas intouchables.
— Tu sais, je pense sincèrement qu'eux aussi doivent bien sentir que ça craint. Je suis pas sûr que la plupart d'entre eux font ça par plaisir. Ils ont aussi un boulot à défendre et...
— Mon cul ! T'appelles ça un métier : casser des bras et éborgner des lycéens ? Tabasser des petites vieilles ? Gifler des étudiantes et arracher les cheveux des manifestants ? Moi, je pense qu'ils ont tous choisi ce métier. Ils l'ont fait volontairement. Personne ne les a obligé à s'engager. Franchement ! Quand un abruti entre chez les CRS c'est pour cogner. Cogner en toute impunité. Parce qu'ils sont le bras armé de l'État, tu penses bien qu'ils ont pas peur de la bavure. En plus avec l'état d'urgence, c'est open bar !
— T'exagères, quand même.
— Que dalle ! T'en connais, toi, personnellement, des CRS ? Tu connais quelqu'un dans ton entourage qui connaît personnellement un CRS ?
— Je vois pas le rapport.
— Ah, non ? Ben, je vais te le dire, moi, le rapport. Si personne ne connaît de CRS c'est soit parce que les gens ont honte d'avoir un frère, un fils, un cousin ou un père CRS, soit parce qu'ils ne vivent pas vraiment dans la société civile. Ces types-là sont des chiens ! Ils sont élevés pour tuer comme des molosses et ils vivent entre eux dans des chenils !
— C'est un drôle de point de vue...
— Mais, merde quoi ! Ouvre les yeux et réfléchis deux secondes ! Ils sont bien muselés dans leurs petites cages quand ils ne sont pas occupés à nous défoncer le crâne. Non, sérieux : personne ne connaît de CRS, pour de vrai ! C'est bien la preuve qu'ils ne font pas vraiment partie de la communauté. Tu crois qu'un CRS va au théâtre ? Qu'il lit des journaux ? Qu'il vote pour quelqu'un d'autre que Marine ou qu'il regarde autre chose que Nabila à la télé ?
— C'est un peu réducteur, non ?
— Non ! Ce sont des amibes ! Ils ont rien dans le crâne. Comment des types doués d'intelligence pourraient obéir à des ordres aussi inhumains ? À part se cacher derrière des boucliers, des flashball, bien à l'abri au fond d'une armure, à quoi ils servent ? Tu vas pas me dire que ces connards sont là pour défendre les citoyens ? Ou peut-être les défendre d'eux-même ? Tant qu'on y est !
— Oui, enfin, de là à dire qu'ils sont tous pourris... T'es pas très Charlie.
— Ouais, ben, j'en ai pas encore vu un seul lâcher ses armes et quitter les rangs. Pas en France. Pourquoi ils font pas comme en Italie ? Pourquoi ils ne rejoignent pas les manifestants ? Hein ?
— Parce que..
— Parce qu'ils sont cons ! La voilà, la vérité !
— Je te trouve un peu péremptoire dans tes propos.
— Un tonfa, c'est bien plus péremptoire ! Crois-moi sur parole. Donc, voilà ma solution : une balle, un flic. Si on butait un seul CRS par compagnie, ça commencerait à faire la différence. J'en suis sûr. Ils commenceraient à se chier dessus et ils y réfléchiraient à deux fois avant de charger. Ils nous faudrait des armures anti-CRS, des molotov, des lance-patates, de quoi leur faire mal, de quoi les saigner comme des porcs ! Mais un jour ça arrivera, un jour, ça sera le coup de matraque de trop. Un jour, bientôt, on renversera la vapeur et quand on sera des dizaines à se ruer sur un des ces trous du cul, alors là, le message sera clair ! Un jour, on n'aura plus peur de ces pantins décérébrés !
— Non, là tu vas trop loin. Je peux pas te laisser dire un truc comme ça ! Je suis même pas sûr que tenir des propos comme ça en public ça soit légal, d'ailleurs.
— Ah ouais ? Et la liberté d'expression, alors ?
— Bah, je crois qu'elle s'arrête avec l'incitation à la rébellion.
— Ouais, ben, on va juste dire que je suis un gars un peu velléitaire, tu vois. Le genre de mec qui est prêt à laisser parler son cœur face à la barbarie. Ne serait-ce qu'à le faire dans un dialogue fictionnel entre deux personnages indéfinis. Genre, licence artistique, tu vois le délire ?
— Ah, ouais ? Et moi je serai juste là pour être la caution moralisatrice ? Genre, l'argument – un peu faiblard – de la raison. Ou bien l'autre voix qui incarnerait la tempérance ou l'appel au calme, le garant de la paix des esprits et le protecteur des bonnes mœurs ?
— Un truc du style...
— Habile. Grossier, mais habile.
— Mouais, à voir ce qu'en pensera le juge si on fini toi et moi en correctionnelle.
— Non. Quand même pas pour si peu...
— On sait jamais ! L'état d'urgence, tout ça.
— Mmm... Ça fout les jetons un peu, non ?
— Non ! Faut pas avoir peur ! Si tu commences à avoir peur de tes idées, t'es foutu !
— En somme, si je comprends bien, toi, t'as pas embrassé un flic ?
— Non ! Mais en tout cas, moi, j'ai pas peur de le dire haut et fort : une balle, un flic ! Et la paix sera restaurée ! Pour de bon. Qu'ils crèvent tous, ces enculés de CRS.
— Ah, non ! Ça je peux vraiment pas te laisser écrire ça ! Vraiment pas. »




"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 00:00 - 2 mai 2016

C'es tellement révélateur de ce que j'entends à la tv et autour de moi que je ne peux pas m'empêcher d'en être énervée.

Ce soir, aux infos, j'ai entendu : "On attaque pas les flic, on attaque les représentants de l'Etat". Et j'ai eu envie de vomir. Vraiment. Les terroristes attaquent les civiles personnellement ou ce qu'ils représentent ?
On a pas besoin de terroriste, de "radicalisés musulmans", nan on a nos propres citoyens imbéciles.

Bref. Bien écrit dvb, comme toujours ^^. Et malheureusement très réaliste. Merci.

Je vais me coucher en essayant de ne pas penser qu'il y a trois ans, si je n'étais pas tombée malade, je ferai peut-être partie de ces flics insultés et plus encore.


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Message posté le 14:44 - 2 mai 2016

C'est aussi pour ça que j'ai gueulé sur des gens qui commençait à chanter "tout le monde déteste les flics" et que je suis resté à argumenter du pourquoi cracher sur les flics ne menait à rien avec des manifestants.

Un text sympathique dvb.

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Message posté le 14:31 - 3 mai 2016

Très bon petit texte. Je pense qu'il trouve tout son intérêt dans cette dernière phrase :

— Ah, non ! Ça je peux vraiment pas te laisser écrire ça ! Vraiment pas.


ça rend le propos un peu plus profond ; et finalement, nous fait relativiser le coté scandaleux du discours du premier des deux interlocuteurs. Après tout, il ne fait que parler (même si ses dires sont malheureux, pas besoins des les censurer non plus peut-être..).

Je ne sais pas si cette double lecture était l'effet recherché. J'aime en tout cas.


En train d'élever un griffon...
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Message posté le 14:34 - 6 mai 2016

J'apprécie aussi cet effet mentionné par Teclis, ça lui rajoute un petit quelque chose. Mais ça reste la dénonciation que c'est au premier plan, la rage amère qu'on sent dès le début. Je ne sais pas si c'était agréable, mais ça m'a poussée à me renseigner un peu sur les événements récents. Il réussit bien à transmettre ses sentiments.


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Message posté le 07:55 - 21 mai 2016

Heu bon, ploum ploum, c'est ma première "contribution", je vais essayer de m'appliquer.

J'aime bien ce genre de textes pamphlétaires, ils sont utiles à solliciter a minima l'interrogation de lecteurs, à les sortir de leurs prés carrés.

Les points soulevés sont suffisamment caricaturaux pour générer une "contre réaction" du lecteur.
L'idée que les CRS n'ont pas d'amis est une excellente formulation rhétorique (en gros la fonction déqualifie l'humain)
Plus intéressant encore est le débat sur la liberté d'expression et les implications "rationnelles" et morales de celui ci.

Mais je suis quand même carrément sur ma faim. Et ça tient à la "tension" du texte. Il est infiniment trop "sage" pour un brûlot.

Commençons par la mise en situation.
"Une balle, un flic"

Il n'y a rien de "choquant" là dedans.
Ou du moins, comme le reste du propos, c'est un cran en deçà du caractère virulent des propos que l'on peut entendre au moins de puis le 32 mars, pour ceux qui suivront, sinon j'encourage mes lecteurs à s'emparer du langage de part et d'autre pour voir en quoi, différent qu'il est du contexte ordinaire et "structurant" il développe certaines formes de pensée.

La "balle" est passée dans le langage courant comme une "sanction pour déconner".
"Je vais me tirer une balle" "Il mériterait une bastos lui".
Et la balle ne qualifie pas le crime, parfois on "tire une balle" pour faire cesser une souffrance, et la majorité des balles tirées en France le sont quand même sur du gibier.

En culture francophone, à l'inverse, ce que l'on peut utiliser c'est le pistolet. Parce que pour un français, un pistolet est un objet de fantasme, que l'on peut encore décrire dans sa terrifiante réalité.
Un pistolet, c'est très lourd, c'est très noir ou très brillant, avec une technologie entièrement dédiée à la mort et la dissimulation.
La gâchette devient l'expression du libre arbitre, et l'objet porte en lui même une dimension de destin, de fatal, et de définitif.
Et la balle devient une dose de mort que l'on insère avec préméditation dans une chambre.

C'est un exemple. C'est juste que je trouve que "une balle, un flic", c'est un tout petit peu mou.

Je vais faire assez vite pour une première beta, en passant ensuite au rythme.
D'un point de vue analyse lexico-syntaxique, je ne suis pas absolument certain que l'on soit dans un rythme de conflit.
Appelons A celui qui veut tirer une balle et B celui qui est contre.

A partir de

Mais, merde quoi ! Ouvre les yeux et réfléchis deux seconde

les propositions s'allongent, la fréquence de la ponctuation diminue, le rythme diminue, ce qui donne l'impression que A se calme, que quelque part, dans son questionnement, B a réussi à le désamorcer.

Et donc, avec ce "conflit interne" qui me donne, à moi, l'impression de se dégonfler, l'introduction du juge, de la loi, et du fait que c'est bel et bien un conflit "interne" et pas "interpersonnel" traduisent, ensemble, une "fuite" dans le propos (qui s'appaise d'ailleurs).

Alors que justement non, tout le poids du texte est dans ce dénouement.

D'une part, si effectivement de tels propos pourraient être soumis devant un juge aujourd'hui, c'est moins du ressort de l'état d'urgence que des aménagements qui ont été pris en 2015 sur notre liberté d'expression.
Je pense, en particulier, dans le cadre qui nous importe, au délit très flou "d'apologie du terrorisme" qui a été utilisé avec un zele manifeste cette dernière année.
Mais ils seraient... Mous, ces propos. Face à un mec prêt à en découdre avec une hache et une fausse bombe face à un commissariat en gueulant "Allah Hackbar", on est dans le "très consensuel", la fiction n'est pas au niveau de la réalité.

Mais d'autre part, dans une telle situation de tension interne, personne ne saurait être "Habile. Grossier, mais habile".
Désespéré avec un semblant d'habileté (ou du moins semblant le croire), c'est plus ça le quotidien de ce que voient les juges.

En se renvoyant à une position habile, le narrateur enlève toute forme de "tension" dans son conflit interne, et même la "peur" derrière arrive en sous proposition.



En résumé, bon texte, que je souhaite voir s'améliorer
* Plus de tension
* Plus de gris moral
* Une résolution pas "en fuite", engagée jusqu'à la fin

Voila, j'espère ne pas avoir été impertinent.


J'ai énormément d'admiration pour les écrivains qui respectent scrupuleusement leur langue, et autant de mépris pour les poètes qui font de même -
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Message posté le 17:59 - 24 mai 2016

Oh...

Je suis presque désolé que tu aies passé autant de temps à décortiquer ce texte. A vrai dire, je ne pense pas qu'il en valait la peine ><

C'est aussi valable pour les autres ! (merci à tous)

A mon avis, il vaut mieux le considérer avec la même indulgence et le même intérêt qu'on accorderait à un petit chiot qui vient de déféquer sur le tapis du salon.

Je crois qu'on avait atteint l'apex avec le seul titre, racoleur au possible !

Désolé.

En tout cas merci d'avoir partagé ton avis. Je prends bonne note de toutes tes remarques, même si je ne compte pas du tout revenir sur ce torchon, elles me serviront très certainement pour de prochaines créations plus dignes d'intérêt :)



"J'ai une âme solitaire"
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Message posté le 15:48 - 29 déc. 2017

J'vais aller manifester contre les titres putaclic et taper les flics pour me faire passer pour une victime ensuite. Ouais, bon plan de carrière pour passer sur TF1 !


A.A
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