Lùthien - les Zélices
JDR Wilmar
[hrp] J'avais envie d'écrire sur la vie de mon perso en dehors des missions du gang. Le rp est ouvert à tous les participants du JDR. Vous pouvez intervenir directement dans l'histoire, faire la propre histoire de votre perso, comme vous le souhaitez. ça permettra de mieux connaître nos persos. ça sera peut-être sous forme de journal, sans date, une journée parmi d'autres. A l'inspiration en tout cas. [/hrp]
Entre deux missions, Lùthien passe pas mal de son temps dans le garage du QG. En ce moment, elle travaille sur la moto récupérée lors de l'altercation contre les Comètes (mission 15). C'est une moto de modèle « Sularite » fabriquée par le clan mineur Hareydsson. Elle date et elle a besoin d'une remise à neuf. Mais ça reste une bonne moto, fiable et efficace de près de 1200 cm3. C'est pourquoi la jeune femme la retape. La coureuse a bien l'intention d'en faire un bolide qu'elle pourra sortir en course. Pour le moment, elle la décrasse. Ce qui la rend plus crasseuse, elle.
C'est donc avec de larges marques noires sur la figure et les mains plus sombres que sa tenue de pilote que Lùthien accueille Vector d'un sourire, quand le capitaine de l'équipe de Polygone passe la tête dans l'entrebâillement de la porte du garage. Un sourire qui se répercute aussitôt sur le visage marqué de Vector.
C'est déjà l'heure? demande Lùthien en continuant de nettoyer l’injecteur.
Je suis venu un peu en avance, je sais combien il est difficile de t'arracher à cette machine ! Fit en riant, un peu jaune, le capitaine.
Il s’approche d’une démarche souple, propre aux joueurs de polygone. Plutôt grand, musclé mais fin, il porte la tenue violette de l’équipe des Zélices. Son regard est constamment en mouvement pour englober toute la pièce et ses éléments, comme sur le terrain. Et en même temps, il ne quitte pas la jeune femme devant la moto.
Ça ne fait que quelques semaines qu’ils se connaissent et Vector sait déjà qu’il la veut dans son équipe et surtout à ses côtés. Dans ce monde sombre, on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Encore plus quand tu fais partie d’un gang. Ou que tu pratiques un sport extrême. Alors tout va plus vite.
Ou pas.
Lùthien est entièrement concentrée sur son travail. Si elle a parfaitement conscience de l’approche de Vector, elle n’en tient absolument pas compte. Ce qu’elle aime, c’est l’adrénaline. Pour attirer son attention, il faut lui en promettre des caisses. Et c’est ce que fait l’engin devant elle, bien plus que le jeune homme au sourire charmeur.
Mais ça, Vector l’a bien compris. Et il sait que s’il veut s’attirer les faveurs de la coureuse, il doit devenir aussi addictif qu’un bon shoot.
Allez, viens, aujourd’hui on fait un entraînement spécial : on double la vitesse des obstacles.
Lùthien lève ses yeux noirs ainsi qu’un sourcil interrogateur. Le capitaine hoche la tête avec un grand sourire. Il a gagné.
La jeune femme se lève, range tout rapidement, se débarbouille vaguement et part à la salle de polygone avec le coeur qui bat d’excitation contenue.
Son plus vieux souvenir ?
C'est Ilen qui lui a posé la question. La petite fille sauvée par le gang pose souvent des questions étranges, du point de vue de Lùthien, aux divers membres. Aujourd'hui, sa cible, c'est justement Lùthien.
Elles sont dans le garage, la coureuse en train de vérifier le fourgon blindé et Ilen assise par terre, jouant avec l'un des cadeaux de Rho.
Tu veux parler des Zélices ? Ou de mon enfance ?
Ton enfance ! Vous ne parlez jamais de vous... répond Ilen en faisant la moue.
La jeune femme pousse un soupir et vient s'asseoir près de l'enfant. Son menton se pose sur ses genoux relevés et elle réfléchit un instant.
Je pense que je dois avoir 4-5 ans. L'un de mes parents, je ne sais lequel, me prend sur ses genoux pendant qu'il conduit. Je pose mes mains sur le volant, la voiture démarre et c'est l'extase !
Un sourire se dessine sur ses lèvres.
La voiture accélère et mon coeur bondit dans ma poitrine. Je dis "Plus vite!" et il reprend "Plus vite ! Toujours plus vite !". C'est la voix de mon père donc ça doit être lui qui conduit.
A ce moment là, j'ai compris que je voulais que ça continue comme ça toujours.
Le silence retombe. Lùthien se relève.
Qu'est-ce qui est arrivé à tes parents, Lùthien ? fit Ilen d'une petite voix.
Lùthien répond tranquillement en reprenant son inspection.
Ils se sont tués dans une course. Ils avaient oublié de vérifier leur voiture avant le départ et le moteur a pris feu. Elle hausse les épaules. Ils étaient négligents. Je ne le suis pas.
La course de ce soir promet d’être excitante. La plupart du temps, Lùthien court sur son propre engin, qu’elle peaufine depuis des années. Mais son habileté étant reconnue, tout comme son intransigeance sur la qualité des pièces utilisées, elle est parfois embauchée par des inventeurs qui veulent faire tester leurs prototypes. C’est ainsi qu’elle a fait la connaissance de Vinchi. Il appartient au clan mineur Scaltrezza, spécialisé dans les inventions en tout genre. Et sa spécialité à lui, ce sont les engins roulant, volant, planant… Lùthien travaille avec lui depuis 3 ans maintenant. Elle n’intervient qu’au moment où l’engin est déjà fiable, pour tester ses capacités en utilisation réelle.
Cette fois, elle va conduire une sorte de moto combinant plusieurs types de propulsion. La coureuse ne connaît pas les détails techniques, qui sont secrets évidemment et qui lui passent au dessus de la tête arrivés à ce niveau-là. Mais ce qu’elle aime dans les inventions de Vinchi, c’est leur élégance. Ce qu’il crée a toujours la classe. En plus d’être rapide et maniable. Du pur plaisir.
En l’enfourchant, l’excitation la fait entièrement vibrer. Un sourire de joie pure illumine son visage. Elle est entièrement concentrée sur l’engin et ne remarque même pas Vector qui la dévore des yeux.
Le capitaine de l’équipe de Polygone des Zélices est venu voir la course. Il n’est pas le seul du gang d’ailleurs. Et un certain nombre visent la même chose : la fin de la nuit avec la coureuse. C’est quelque chose de connu au sein des Zélices : si Lùthien fleurte sans problème, il n’y a qu’après une bonne montée d’adrénaline qu’elle veut bien consentir aux ébats physiques. Et sur le point, elle est assez ouverte : homme ou femme, peu importe.
Toutefois, depuis quelques temps, tout le monde a bien remarqué qu’elle fait son choix uniquement parmi le gang, chose qui n’était pas le cas avant. Avant quoi, ça, ils ne savent pas. Et s’en foutent royalement. Ils et elles savent juste que ça augmente leurs chances.
Lùthien, elle, sait bien pourquoi. Avec cette mission d’infiltration, elle se méfie. Et ne se rapproche que des gens qu’elle sait faire partie des Zélices depuis longtemps. Elle sait aussi qu’elle a un certain succès. Même si ses courbes sont le plus souvent cachées sous sa tenue de pilote, ou sous un gilet pare-balles, son corps ne manque pas d’attraits. Mais l’amour et les relations charnelles ne l’intéressent pas le moins du monde. Elle papillonne donc au grès de ses envies, souvent sous l’effet de l’euphorie d’une course, ou d’une action musclée du gang où la mort n’est pas passée bien loin. La coureuse ne s’en cache pas, ce qui ne décourage personne. Beaucoup sont comme elle et en profite. Vector, lui, fait partie de ceux qui ont vraiment envie de lui mettre le grappin dessus. Quelle drôle d’idée que d’envisager de fonder une famille (!) avec une fille aussi libre qu’elle (!!). Mais il ne peut s’empêcher d’espérer.
Alors, il est là ce soir. Il la regarde courir comme une diablesse et frémit à chaque manœuvre. C’est d’ailleurs la même chose quand il l’emmène faire une partie de polygone. Même s’il n’en laisse rien paraître et reste concentré. L’avantage ici, c’est qu’il peut faire des ho et des ha comme tout le monde. Et préparer la bouteille de la victoire.
Le tout étant de savoir si elle le choisira ce soir...
L'engin est rapide, fluide, Lùthien est complétement grisée. Elle a l'impression qu'elle pourrait prendre tous le risques et qu'il la suivrait sans broncher, l'emportant dans un tourbillon de vie. Mais elle garde la tête froide. Sur le terrain, elle n'est pas seule et les autres font régulièrement des coups fourrés. Evidemment, c'est interdit. Du coup, c'est encore plus filou.
Slalomant entre les voitures garées, les étals à moitié dans la rue, les concurrents qui essaient de lui rentrer dedans, la coureuse survole le parcours. Ce soir est une pure merveille. Elle teste aussi l'engin, voit jusqu'où elle peut le pousser, freine brusquement pour des virages plus que serrés, passe d'une propulsion à l'autre selon ses besoins. L'engin répond au moindre de ses désirs. Vinchi vient de créer un chef d'oeuvre. Et c'est elle qui le chevauche. Lùthien jubile.
La course est rapide. En trente minutes, elle plie le parcours, mettant plus de 3 minutes de distance avec son poursuivant le plus proche. Et encore, elle a perdu pas mal de temps en faisant des tests. Et en s'amusant.
Quand elle passe la ligne d'arrivée, la foule aussi est en délire. Elle enlève son casque, secoue ses cheveux collés par la sueur et se jette dans les bras de Vector. Elle a jeté son casque vers un membre de l'équipe de polygone qui le rattrape avec élégance.
Le capitaine a à peine le temps de savourer le corps de la jeune femme contre le sien, qu'elle repart, droit vers Vinchi. S'en suit un échange entre passionnés, technique. Lùthien n'arrête pas de sourire et le petit inventeur (il fait une tête de moins que la coureuse) se met à rire. Vector est jaloux mais il se garde bien d'approcher. D'ailleurs, les membres de la Scaltrezza font barrage autour des deux et du prototype. Il patiente, sa bouteille à la main, discutant de la course avec les membres de son équipe.
Au bout de plus d'une demi-heure, il la voit enfin revenir, toujours souriante. Il lui offre la bouteille quand elle arrive.
Lùthien regarde le capitaine. Ce qu'elle lit dans son regard lui élargit encore son sourire. Elle accepte son cadeau. Tout est dit.
Il est maintenant l'heure de célébrer la victoire. Pas de meilleur endroit que l'Absinthe enflammé. Le gang y est présent, elle se sent en sécurité. L'alcool coule, mais pas dans le verre de la coureuse. Trop euphorique, elle est déjà suffisamment ivre. Vector partage son verre avec celle qui a enflammé son coeur. Ses lèvres trempent à peine dans la boisson, concession à la victoire, avant d'enchainer sur des sodas qui lui donnent un coup de fouet.
Le capitaine la dévore des yeux, en oubliant même de boire, ce qui fait rire intérieurement les autres membres de l'équipe. Tout en sachant qu'ils ne vaudraient pas mieux si la coureuse avait accepté de finir la nuit avec eux.
Lùthien se penche à l'oreille de Vector.
Il est temps d'aller voir ailleurs.
Le coeur du capitaine rate un battement avant de reprendre précipitamment sa course. Il voudrait la prendre par la main, l'effleure, elle s'écarte. Il se lève sans rien montrer et la coureuse le suit. Les autres ont compris et poursuivent leur beuverie en l'honneur de la grande gagnante. Un prétexte comme un autre.
Vector se demande si elle va l'emmener chez elle. Il se sent fébrile comme pour sa première fois. Non. Il se sent fébrile comme il ne l'a jamais été. Cette femme lui met la tête et le corps à l'envers ! Mais elle reste un pas derrière lui. Le message est limpide, c'est lui qui décide du lieu.
vector ne le sait pas, mais Lùthien n'a jamais emmené qui que ce soit chez elle. C'est son antre privée. Sa sécurité. Le seul qui sait où elle crèche, c'est le Faucheur. Et il n'a aucune raison de venir chez elle. Donc pour ses escapades d'un soir, c'est toujours chez l'autre. Ou n'importe où. Mais elle se doute que Vector l'emmènera chez lui.
Alors, Lùthien est agréablement surprise quand elle le voit prendre la direction de la salle d'entrainement des Zélices. Vector lui propose une séance privée. Spéciale. Il veut qu'elle ait envie de revenir vers lui, plus que vers quiconque. Il veut être son shoot d'adrénaline quotidien.
Ils ont fini en nage au milieu du terrain et Vector peut enfin contempler le corps de la coureuse, parcourir les marques laissées par ses activités, les cicatrices des blessures, bien plus nombreuses qu'il ne l'aurait pensé. Lùthien, elle, est enfin épuisée. Roulée en boule contre le corps de Vector, elle s'endort, sereine. Le capitaine la regarde avec émerveillement : on croirait un chaton apprivoisé. Etrange pensée dont il ferait bien de se méfier.