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Electrika

Chapitre 1 (pour l'instant)

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29 juil. 2023 - 22:16

Coucou !

Alors je voudrais mettre mon chapitre 1, c'est sûrement pas le bon endroit pour le mettre mais je n'ai pas vu d'autres endroits (+ logique) où je pouvais publier un nouveau sujet, donc je poste ici par défaut !
S'il y a besoin de supprimer ce post et de publier ailleurs, il n'y a pas de soucis je le ferai !

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Message posté le 02:07 - 30 juil. 2023

Chapitre 1

Une Nouvelle Année


1er septembre – 30 septembre

Je sentis un souffle d'air frais caresser ma peau. J'ouvris doucement les paupières et regardai l'heure sur mon téléphone. Éblouie, je refermai les yeux, un sourire aux lèvres, et m'emmitouflai un peu plus sous la couette. C'est une des choses que j'aimais le plus au début du printemps ; laisser la fenêtre entrouverte la nuit et sentir l'air frais du matin, et mieux profiter de la chaleur et du confort de mes draps. Avec mes cauchemars qui me réveillaient à des heures aléatoires de la nuit, je m'endormais mieux ainsi.

7h15. Mon troisième réveil m'arracha d'un coup du lit. Oui, troisième réveil, car un seul ne suffit jamais. La tête encore dans les vapes, je me levai et descendis bruyamment jusqu'à la cuisine. Mon petit frère était déjà en train de se goinfrer de céréales. MES céréales.

Mamaaaaaan !! Cody a encore prit mes céréales !! Pourquoi il prend pas les siennes ??

Cette dernière me regarda avec un regard désapprobateur:

Voyons Lily, tu as 18 ans, tu as passé l'âge d'avoir des céréales licornes. Tu n'as qu'à prendre les siennes...

Mais je veux pas de ses céréales Cars ! Mamaaaan

Cody me regarda, et me tira la langue. Apparemment, j'allais devoir m'y faire.
Morose, j'avalai machinalement les céréales Cars tout en traînant sur les réseaux, à la recherche des dernières nouvelles apparues durant la nuit.

Je montai ensuite dans ma chambre, pris mes affaires, et me dirigeai vers la douche. L'eau glacée finit par me lasser. Je laissai donc mes doigts naviguer sous les filets d'eau, tout en pensant à la chaleur du soleil, et doucement, une eau chaude se mit à glisser sur ma peau, embrumant toute la pièce. En sortant, je passai une main sur le miroir, afin de voir mon reflet. Mes yeux verts se baladaient sur tout ce qu'ils pouvaient voir: ; mes long cheveux roux collés à mon cou tombant sur mes épaules, mon nez légèrement pointu entouré par des joues un peu creusées et une bouche rougie par la douche. Le tout sur un visage structuré par des mâchoires légèrement carrées et relevé par des pommettes éternellement rosées, étincelantes de tâches de rousseur. Un visage banal, simple. Tremblante, je me dépêchai de m'habiller pour ne pas rater Sasha.

7H50 pétante, une voiture klaxonna devant la maison, jusqu'à ce que je sorte.

Bah c'est pas trop tôt ! Un peu plus et on partait en retard ! Le premier jour de l'année !!

Je levai les yeux au ciel, un sourire au coin des lèvres, et rentrai dans la voiture de Sasha. La musique à fond, elle démarra en trombe et nous chantâmes à plein poumons sur des musiques Disney. D'un claquement de doigts, j'augmentai le son d'un cran et en profitai pour chanter faux. Et me tromper sur les paroles sans aucun scrupule.

Une fois garées devant l'école, nous nous mêlâmes à la foule d'élèves pour nous diriger joyeusement vers notre école.

~


En milieu de matinée, je me sentis fatigué, comme après avoir couru un marathon. Je jetai un coup d'œil discret à mon entourage, puis baissai les yeux vers mon bras gauche, et relevai délicatement ma manche. Un symbole de pile, comme pour les téléphones, apparu alors sur mon avant-bras, d'une légère lumière rougeâtre. Ce logo sur ma peau, sous ma peau techniquement, s'affichait presque vide et un « 15 % » flottait au-dessus.

Inquiète, je relevai les yeux. Me trouvant au milieu de la salle, j'étais donc loin des prises murales. Je jetai un coup d'œil autour de moi, en cherchant une source d'énergie. Qu'est–ce qui pouvait bien fournir une source d'énergie au milieu d'une pièce ? Dans ma réflexion, mes yeux se baladèrent un peu au hasard dans la salle, sur les dossiers de chaises, sur les tables, sous les tables... Puis se stoppèrent au niveau des poches de pantalon de mes voisins. Ceux–ci avaient leur portable bien calé dans leur poche, et leur attention sur le cours. Une idée me traversa l'esprit, et je me demandais... J'approchai alors ma main droite le plus possible de la poche de mon voisin de droite, et tendis les doigts. Toujours avec la manche relevée, je fixai mon avant–bras gauche. Ne clignant pas une seule fois, un fin filet bleuté apparu du portable vers mes doigts tendus, et la pile se remplit doucement. « 20 % », « 25 % ». Un léger pétillement agréable remontait de mes doigts jusqu'au milieu de mon dos en passant par l'épaule, puis une sensation de soulagement se propagea dans mes muscles et tout le reste de mon corps. « 30 % », « 33 % ». Bon, c'était déjà ça. Seulement 18 % de plus me suffisait pour me sentir plus énergique.

~


A la pause déjeuner, je rejoignais Sasha et le reste de notre petit groupe devant le réfectoire. Revoir des visages familiers me comblai de joie. Nous discutâmes des cours de la matinée, de l'innocence des petits secondes et nous remémorâmes l'époque où nous étions à leur place avec une certaine nostalgie.

Nous arrivâmes ensuite dans la salle de réfectoire bondée, et j'éprouvais un léger malaise à me tenir debout devant autant de gens. Je me contentai de suivre ses amis sans réfléchir, et nous nous installâmes à une table près d'un mur. Je vérifia le mur discrètement, et remarqua – à mon grand bonheur – une prise murale. Mangeant d'une main, je tendis discrètement l'autre dans mon dos vers la prise, dès que j'en eu l'occasion.

Aloooors, vous avez fait quoi pendant vos vacances ? lança Chloé.

J'ai passé les deux mois dans la ferme de mes grands–parents, ça m'a fait un bien fou d'être loin de la ville, sans télé et sans infos, répondit Nathan, l'air satisfait.

Ah oui ? Elle est loin leur ferme ? Ils ont des vaches ? T'as rejoins ta vraie famille, les cochons ? plaisanta Sasha.

Je ne suivis qu'avec une faible attention la conversation, qui continuait sur le ton de la rigolade. J'étais absorbée par une autre table, à quelques mètres de la nôtre. Je posai mes yeux sur un garçon de mon âge, à la chevelure sombre et ondulée.
Théo.

Ses parents étaient passionnés d'arts, et avaient nommé leur fils d'après le frère du célèbre peintre néerlandais. Comment le savais–je ? Théo était mon voisin depuis qu'une moi de 8 ans et sa mère avaient emménagé en ville. Et nos mères étaient amies. Alors, naturellement, on était devenus les meilleurs amis du monde.

Jusqu'au collège.

A cette pensée, une décharge électrique picota mes doigts et me ramena à la réalité.

La voix surexcitée de Sasha m'éclata aux oreilles :

... la musique était dingue !! Tout l'monde se poussait de partout, tout l'monde gueulait !! Et...

Sasha, est ce qu'au moins, tu voyais le groupe ? l'interrompit Nathan, dépité.

Le visage de la ma meilleure amie s'ensoleilla.

Bien sûr que je l'voyais ! Bon, j'devais sauter parc'que j'suis trop petite, mais j'le voyais !! s'enflamma Sasha.

C'est sûr qu'avec ta taille de Hobbit... Intervins–je enfin avec un sourire en coin de lèvres.

Alors que Sasha me dévisageait avec un regard vengeur, Chloé se tourna vers moi et ajouta :

Et toi Lily ? Tu nous a pas dit ce que t'as fait de ton été.

Je jetai d'abord un coup d'œil à mon bras : « 99 % ». Bon ! J'entendis au loin une voix masculine s'exclamer :

Eeeh, c'est quoi ce bordel ?? J'avais ma batterie à bloc ce matin et là je suis à plat ! Les gars, c'est vous ça ??

Je rigolai silencieusement, et me remémorai ensuite rapidement mon été.

J'ai... pas fait grand–chose. J'ai bricolé, j'ai lu, j'ai rattrapé mon retard en série, et euuh... Ah ! Le temps fort, c'était quand je me suis battue avec Cody pour savoir qui allait avoir le jouet du paquet de céréales. Et j'ai bossé aussi, au magasin de réparation en bas de ma rue.

Et même que y avait c'mec, là, qui faisait que de la draguer !!! ajouta Sasha. Sa fierté que moi, sa meilleure amie, ait enfin un semblant de vie sentimentale était tellement palpable que j'eu presque envie de rire.

Nathan et Chloé s'échangèrent un regard complice.

Ooooh, il s'est passé quoi avec ce Mister ? s'intéressa Chloé avec un léger sourire.

Il ressemblait à quoi ? Il avait une mâchoire carré ? J'adore les mâchoires carrés, ça me fait craqué, s'enthousiasma Nathan.

Je regardai Sasha avec la rage plein les yeux.

Merci Sashaaaa...

Sasha retourna à son assiette et à ses souvenirs du concert de la veille, tandis que je continuai :

Ce mec–là, il ne s'est absolument rien passé avec lui. C'était juste un client super lourd, et j'suis sûre que c'était parc'qu'il était pas habitué à voir une fille bosser dans un magasin de réparation. Et non, il avait pas de mâchoire carré, ajoutai-je d'un ton désolé.

Nathan retourna alors avec déception à son assiette. Chloé posa sa main sur la mienne.

Lily, ma belle, il doit bien y avoir un garçon qui te plaît, non ?

Ou une fille ? s'enquit Nathan.

Je lui lança un regard amusé.

Désolée Nath, mais pas de fille en vue.

Nathan fixa d'un air dépité son assiette, sans y toucher. Je vis Chloé, la fourchette à la main, regarder la mienne, et fronça les sourcils.

Mon regard, posé sur Théo au loin, se tourna vers cette dernière.

Mais dis–moi, serais–tu en train de sourire ? T'as les joues bien rouges d'un coup ! s'exclama celle–ci.

Cette fois, je sentis mes joues chauffer un bon coup. Et merde.

Sasha sortit la tête de son plat, et s'exclama :

Oooooh, tu m'avais dit il s'appelait comment déjà, ton voisin ?? T'sais, celui avec qui tu trainais H24 avant le collège lààààà !!!

Le groupe sursauta à l'intervention de Sasha tant elle était intervenue énergiquement. Sous le regard très attentif de ses amis et les joues brûlantes, je tapotai nerveusement sur mes jambes.

Théééoo... hésitai–je. J'allais le regretter, je le sentais.

Aaaah ouiii c'est ça !! Comme la meuf dans Haunting At Hill House là !!

On éclata tous de rire, sauf Sasha, perdue. Elle était prise d'un doute -; n’était-ce pas dans cette série qu'il y avait un Théo ?

Attend, elle s'appelle pas Théo ? C'est pas ça ? s'assura–t–elle, troublée.

Persuadée de s'être trompée, Sasha nous regardait nous plier de rire. Un peu vexée par nos fous rires, elle balança :

Bon Lily, vu que tu finis jamais ton assiette, j'me permets hein !

J'essuyai une larme entre deux fous rires, tandis que Sasha continuait de se goinfrer.
On rigola jusqu'à la fin de la pause.

~


Les cours de l'après–midi se stoppèrent à 15h pétante. Sasha parlant par–ci par–là, je me traînai seule jusqu'à la sortie en me remémorant la journée. A peine dehors, une main m'attrapa le bras. Je sursautai et me retournai pour voir le doux visage de Chloé.

Oh désolée ma belle, je voulais pas te faire peur...

Oh, t'inquiète, je suis habituée, avec Sasha...

Chloé esquissa un sourire compréhensif, et continua :

Dis, je me demandais... Je me souviens plus t'avoir déjà demandé, mais, ça m'a frappé ce midi... C'est toujours Sasha qui finit tes repas... Est–ce–que... tu as... des troubles... alimentaire ?

Surprise, je bégayai :

Ow ! Oh non, pas du tout ! Je sais... C'est vrai que je mange jamais beaucoup, mais j'ai pas besoin de grand–chose pour prendre du poids, alors...

Stressée, je souris timidement.

D'accord ! Je te fais confiance ! En tout cas, si tu as le moindre problème, tu sais que tu peux venir me parler. A moi ou à Nathan hein, tu sais qu'on est là pour toi ! ajouta–t–elle, souriante.

Oui, bien sûr que je sais que vous êtes là pour moi ! Pourquoi...

Je sais que Sasha et toi, vous êtes déjà proches, m'interrompit calmement Chloé. Alors, je sais que tu lui parles, mais je voulais que tu saches, Nathan et moi, on est là aussi, si besoin.

Je la regarda droit dans les yeux. C'était la première fois qu'on avait cette discussion. Au milieu d'une foule d'élèves.

Au milieu du brouhaha, je répondis paisiblement :

Chloé, je veux que tu saches, tu es autant mon amie que Sasha. Et pareil pour Nathan. Je veux surtout pas que tu penses que notre amitié compte moins pour moi que celle que j'ai avec Sasha.

Je sais, je sais, c'est juste que...

Sasha et moi, on se connait depuis le collège. J'avais pas d'amis et c'était une époque difficile pour moi, à la maison et à l'école. Sasha était là tout le long pour m'aider, même si certains jours, j'étais insupportable. Je ne veux pas que toi et Nathan pensiez que notre amitié à moins de valeur que celle que j'ai avec Sasha à cause de ça. Je tiens tout autant à vous, vraiment. Vous êtes mes amis, mes meilleurs amis, et je vous adore.

Sur ces paroles, je la serrai fort contre moi, un grand sourire aux lèvres.

Awwww les filles, comment osez–vous faire un câlin sans moi ? s'écria une voix.

Et Nathan s'ajouta au câlin en nous serrant toutes les deux dans ses bras.
On fit une partie du chemin tous les trois, et parla à propos de tout et rien.

~


Une fois chez moi, je m'affalai sur son lit en étoile. Enfin ! Mon dos douloureux se reposa et je me vidai l'esprit. Je levai mon bras gauche : « 72 % ». En fixant le plafond, je repensai à ma discussion avec Chloé. Fallait–il lui partager mon secret ? En valait–elle la peine ? Et si je le disais à Chloé, il faudrait aussi le dire à Nathan. Sasha, je n'avais pas vraiment eu le choix, étant donné qu'elle m'avait carrément vu à l'œuvre. Je soupirai. Je restai un moment sans bouger, pensive.

Comment avouer à mes amis être à moitié une humaine, à moitié une batterie ? Que mon corps dépendait tout autant de la même nourriture qu'eux que du même jus qui alimente téléphones, lumières et machines ?

Etais–je une humaine ?

Ou une machine ?

Sur cette pensée, je me paralysai, puis me redressai. Mon cœur battait la chamade.

Mon regard rôda autour de moi avant de se poser sur le tableau en liège au–dessus de mon bureau. Une photo prenait le pas sur tout le reste. Une petite fille affichait un grand sourire au côté d'un homme heureux. Mon cœur ralentit et se serra un peu. Mon père me manquait énormément ; pas un jour ne passait sans que je ne veuille lui raconter ma journée, ou le retrouver dans notre atelier pour bricoler tout et n'importe quoi.

Mon corps trembla légèrement, quelques larmes me montèrent aux yeux, et un sanglot s'échappa de ma gorge. J'haletai, et tentai de respirer du mieux que je pouvais. Je n'osai fermer les yeux, de peur de revoir les images de cette nuit. La Nuit.

Je me laissai tomber sur le côté, les joues humides, et pleurai silencieusement.

~


Lily !! me hurla une voix.

Je me redressai en sursaut, et regardai autour de moi. Ma mère me fixait avec ses grands yeux, elle ressemblait à un hibou. L'esprit encore embrumé, je fronça les sourcils.

Qu'est–ce qu'il y a, m'man ?

Ça fait 10 min que je t'appelle ! s'exclama–t–elle. Tu dormais !

Remarquant mes yeux bouffis et mes yeux rouges, elle se calma et s'asseya près de moi.

Mais dis–moi, tu pleurais ? Tes yeux sont rouges... ajouta–elle en approchant sa main de ma joue.

Légèrement irritée par son intrusion dans ma chambre, je repoussai sa main d'un geste las.

Noon... Je pleurais pas...

On resta ainsi quelques instants assises sur le lit, sans rien dire.

Ma mère remarqua la photo en évidence sur le tableau de liège ; et sur un ton calme, brisa le silence en première.

On a jamais vraiment parlé de cette nuit–là, tu sais. Quand...

Je sais ce qu'il s'est passé maman, l'interrompis–je sèchement. J'étais là, je te rappelle.

Un nouveau silence s'installa. Un silence pesant, cette fois.

Descend. Le repas est prêt, ajouta–t–elle simplement.

Elle se leva et sortit de la chambre d'un pas ferme.

Je soufflai un bon coup, et m'allongeai de nouveau sur mon lit. Les souvenirs de cette nuit–là remontèrent douloureusement du fond de mon cœur, et m'arrachèrent quelques sanglots au passage. Depuis l'accident qui nous avait pris mon père, on ne discutait que rarement de ce qu'il s'était passé. Ma mère ne savait même pas qui sa propre fille était devenue depuis. J'étais censée mourir avec mon père, mais pour une quelconque raison, j'étais encore là, à chercher un sens à ma survie.

Je descendis, m'installai à table, et tandis que je regardais ma famille, je réalisai à quel point je l'aimais.

~


Plusieurs jours étaient passés depuis la rentrée, et une routine avait commencé à s'installer. Les klaxons de Sasha dès le matin, les midis entre amis, leur rires, les cours plus ou moins intéressants...

Et Théo.

Je ressentais un léger pincement au cœur lorsque je l'apercevais au loin. Je ne pouvais m'empêcher de sourire, en repensant avec nostalgie à nos nombreux moments passés ensemble. Il était la première personne que j’avais rencontré après l'accident, et je me sentais tellement normale près de lui, alors même que ma vie changeait du tout au tout. Il ne savait rien de ce que je cachais, mais sûrement qu'il se doutait. J'avais toujours été différente depuis la Nuit, et Théo avait toujours été à mes côtés, comme deux acolytes face au monde. On était meilleurs amis, probablement plus que je ne l'ai jamais été avec Sasha. Il avait ce quelque chose qui me faisait me sentir unique.

Au collège, nouvelle école, nouvelles rencontres, nouveaux amis. Théo ne me regardait à peine depuis. On était voisins depuis toujours mais on ne rentrait même pas ensemble. Je devins alors le monstre aux yeux de tous, sans personne pour me soutenir ou me défendre. Jusqu'à l'arrivée de Sasha. On a toujours été inséparables depuis. Elle avait déjà un fort caractère et n'hésitait pas à courir après tous ceux qui osaient ne serait–ce que mal me regarder.

Et maintenant, je restais tout simplement moi–même, discrète et calme.

Je rentrais régulièrement à pied le soir, car Sasha traînait souvent avec d'autres amis à elle, et puis, j'aimais bien avoir du temps à moi pour penser à un peu de tout. Arrivée dans ma rue, je m'approchai de ma maison et ralentis devant celle de Théo. Nos maisons ont été construites symétriquement, et nos chambres tombaient donc face à face. Une première fenêtre donnant sur la rue où je me trouvais, et une deuxième donnant sur la chambre de l'autre. J'observai un moment la fenêtre côté rue de Théo, un sourire aux lèvres. Beaucoup de bons souvenirs se sont construits dans cette chambre. Je ressentis une légère joie en repensant à quel point nous nous amusions à l'époque. Je repris paisiblement le chemin vers chez moi et, toujours le sourire aux lèvres, me dirigeai directement vers ma chambre, remarquant à peine que les voyants des appareils électriques autour de moi clignotaient.

Je jetai mon sac dans un coin de la chambre et m'affalai sur mon lit, les bras étendus de chaque côté du corps. Repenser à tous ces souvenirs me rendit nostalgique, et j'eus envie de reprendre contact avec lui dans les temps à venir. Mais comment m'y prendre ? Ça fait tellement longtemps que l'on ne se parlait plus.

La vibration de mon téléphone me sortit de mes pensées. Sasha m'alertait qu'une soirée avait lieu ce soir même. Un peu contrariée, je l'appelai :

Sasha. Tu sais très bien que je vais pas en soirée, annonçai–je sèchement.

Lilyyyy, alleeeez quoi !!

Comment ça « allez » ? J'aime pas ça ! Tu sais très bien que déjà j'aime pas quand y a beaucoup de monde, et puis je supporte pas tous les hypocrites qu'on croise aux soirées.

Lily. Écoute moi. On est en terminale, à la fin de l'année, on passe le bac. Tu vas dire quoi à tes gamins plus tard ? Que t'as passé tes années lycée à faire que bosser et à te terrer dans ton coin ? Que t'as rencontré leur père à la fac, ou à la boutique au bout de ta rue ?

Sasha, joue pas à ça...

Je déconne même pas là ! Tu sais que je t'adore, et normalement j'aime pas te forcer la main, mais là, je peux pas te laisser comme tous les ans au fond de ta chambre. Alors tu vas ramener ton p'tit cul chez Steve ce soir, à 21h, et tu vas t'éclater. Toute. La. Nuit.

Je suppose que j'ai pas le choix...

Ooooh, désolée si je t'ai laissé croire à un moment que t'avais un choix ! Moi j'te le dis, ce soir t'es chez Steve !

Et elle raccrocha.

Les sourcils froncés, je restai braquée un moment. Une soirée, bourrée de monde à qui je n'avais jamais parlé, et que je n'avais jamais apprécié. Tout ce dont j'avais besoin.

Je me redressai et regardai l'heure sur mon téléphone. Il était déjà 17h. Un coup d'œil à mon bras m'indiqua que j'étais à 68 %. C'était largement suffisant pour tenir jusqu'au lendemain soir sans dormir. J'observai mon bras et passai mes doigts sur les caractères lumineux. J'étais assez fière de mon œuvre. Après avoir compris il y a quelques années que je fonctionnais comme une batterie, j'étais allée au garage et, avec les moyens du bord, m'étais fait un petit écran capable d'afficher la quantité d'électricité d'un circuit électrique. J'avais ensuite douloureusement réussi à le connecter à mon système nerveux, l'écran bien calé sous ma peau, afin de voir où j'en étais. Je ne savais pas trop où était « stocké » mon énergie électrique, mais en tout cas, l'écran faisait son boulot.

Motivée, je repris mes cours et travaillai jusqu'à l'arrivée de ma mère. Je redressai la tête et m'aperçus de l'heure. J'avais tout juste le temps de me préparer.

Je descendis enfiler mes chaussures et prévins ma mère que je faisais une soirée pizza/film chez Sasha, puis partis ensuite en courant. Steve n'habitant pas si loin de chez nous, courir n'était pas un problème.

Arrivée sur place, la musique résonnait déjà à fond. Je m'approchai de la maison, et entendit des voix retentirent de l'intérieur. Alors que je m'apprêtais à sonner, la porte s'ouvrit brusquement.

Lilyyyy ! T'es là !! Quand Sasha m'a dit que tu venais, je ne l'ai pas cru !

Le sourire constant de Steve m'agaçait plus que tout. Je passai outre ma nervosité, et souris en retour, ne prenant pas la peine de montrer mes dents. Sans dire bonjour, je m'avançai et passai dans le mince espace entre l'hôte de la soirée et la porte.

Je me retrouvai face à des lumières colorées et vives, éclairant tout le salon. Des boissons et des verres occupaient le moindre espace disponible de chaque meuble et table présents dans la pièce ; je reconnus des personnes de mon lycée, un verre ou une bière à la main. Ils parlaient et rigolaient entre eux, ce qui, une fois mélangé à la musique, créa un brouhaha.

C'était donc ça, les légendaires soirées de Steve...

Ce dernier apparut à côté de moi :

Alors, dis–moi ma jolie, tu bois quoi ?

Je tournai lentement la tête vers lui avec un regard noir. Ne préférant pas réagir au petit nom qu'il m'avait donné, je haussai les épaules et me dirigeai vers une des nombreuses étendues de boissons. Alors que je me servais du jus de pommes, Sasha arriva près de moi avec une tape dans le dos.

Eeeeehh Lily, j'suis trop contente que tu sois venue !

Tu m'as pas trop laissé le choix non plus, hein...

Toi non plus ! Tu sors jamais ! Fallait bien que je te sauve de...

Elle préféra se taire devant mon regard noir. Elle continua :

Tu bois que du jus de pommes ? Tu sais que c'est qu'un diluant, non ?

Blasée et confuse, je plissai les yeux.

Sérieusement ? Tu sais pas ce que c'est un diluant ?

Un diluant de quoi... ?

Bah, d'alcool.

Sasha, commençai–je sur un ton sarcastique, le jus de pommes, c'est pas un diluant, c'est une boisson ! Et c'est exactement ce que je vais boire toute la soirée. Je vais pas laisser des gens gâcher cette boisson divine avec de l'alcool.

Sasha s'inquiéta, visiblement choquée par mon attitude :

Lily, ça va pas ?

Si, ça va, je voulais juste passer la soirée tranquille chez moi, et à part toi, j'aime pas les gens qui sont ici.

Sasha réfléchit un instant, puis proposa :

Je vais te présenter des gens, tu verras, ça ira mieux après.

Même si ma méfiance prenait le dessus, je me laissai faire et la suivis.

Je parlai à un petit groupe de personnes et accompagnée de mon jus de pommes, restai avec eux pour le reste de la soirée. Sasha peina à me faire bouger au rythme de la musique, à défaut de me faire danser. Les blagues fusèrent, et les rires animèrent le reste de la soirée.

Je pus même apercevoir comme un semblant de complicité entre Steve et Sasha. Plusieurs regards amusés se croisèrent au mien, m'informant que l’'on pensait pareil.

Je me surpris presque à bouger de moi–même au rythme de la musique, et Sasha m'observa, immobile, choquée de me voir m'amuser à une soirée, qui plus est ma première soirée.

A 4h tapante, je m'affalais sur mon lit et fixais le plafond, un grand sourire aux lèvres. La soirée s'était déroulée bien mieux que ce que je m'étais imaginée. Les quelques–uns avec qui j'étais restée avaient été sympa avec moi tout le long. Je m'endormis alors paisiblement, un sourire en coin.

~


A 7h pétante, l'alarme me fit sursauter. Je sautai de mon lit et n'eut qu'à jeter un coup d'œil aux lampes pour les allumer. Je parcouru avec bonne humeur mon placard à la recherche de ma tenue du jour, et les lumières scintillèrent joyeusement dans la pièce. Je passai dans la salle de bain, allumai l'eau et la fit chauffer à la température idéale. Enfin propre, et toujours sur la même énergie, je sautillai jusqu'à la cuisine et attrapai mes céréales licorne.

Maman me remarqua du coin de l'œil :

Et bien ma chérie, tu es de bien bonne humeur ce matin !

J'affichai mon plus grand sourire et m'assit à ma place. Cody descendit précipitamment, et s'arrêta brusquement :

Lily !! Depuis quand tu manges tes céréales ?

Je lui jetai un coup d'œil, un sourire en coin :

Depuis que t'es trop lent pour te lever !

Il attrapa ses céréales sur un air de défi et s'assit en face de moi. La guerre à celui qui finirait ses céréales en premier avait commencé. La rapidité de la cuillère du bol à la bouche et la vitesse de mastication constituaient des paramètres très importants dans la réussite de cette épreuve matinale. J'amenais plusieurs petites cuillères à ma bouche et mâchais le plus vite possible, tandis que Cody enfournait des cuillères pleines et mâchait autant qu'il pouvait. Nous finîmes notre dernière bouchée ensemble. Nous nous levâmes lentement, et dignement, nous rangeâmes nos bols. Nous nous fîmes face et nous affrontâmes du regard une dernière fois. Sur un air de défiance, nous nous dirigeâmes tout d'abord lentement vers les escaliers, puis fîmes la course au premier arrivé à l'étage.

À peine eus-je fini de me préparer que le klaxon de Sasha retentit sous ma fenêtre. J'attrapai mon sac et dévalai les escaliers.

Salut m'man, à ce soir !

Je n'attendis pas sa réponse et me précipitai au côté de ma meilleure amie.

Eh beh ! Y en a une qui est en forme aujourd'hui !

Ouiiii !! Pas toi ?

Je pris alors seulement le temps de remarquer son visage. Ses traits étaient tirés, des poches sombres étaient apparus sous ses yeux plissées par la fatigue, et ses cheveux à la propreté douteuse étaient retenus en un chignon tout aussi douteux. J'en vins à me demander comment il tenait en place, et surtout, comment elle avait réussi à rouler jusqu'à chez moi avec des yeux aussi peu ouverts.

Sasha... Tu me fais peur... T'es sûre que ça va ?

Oui Lily, ça va, dit–elle d'une voix éraillée.

Je m'enfonçai dans mon siège et serrai mon sac contre moi, inquiète de l'état de mon amie.
Arrivées en cours, nous nous installâmes à nos places habituelles, et Chloé et Nathan se placèrent devant nous. Pendant que je m'installais, je ne pus m'empêcher de remarquer quelques regards amusés qui se baladaient dans la salle. Je reconnu les visages de la veille, et celui d'un garçon de la veille se tourna vers moi, un sourire en coin. Gênée par l'insistance de son regard, je détournai les yeux.

Bah alors Lily, ça drague en cours ? pouffa Sasha.

Sa remarque me tira un petit sourire. Non mais franchement, je connaissais personne de la veille, à part Sasha, évidemment, et Steve, mais seulement de loin. Comment pouvait-je m'intéresser à quelqu'un d'autre en aussi peu de temps ?

Alors que le cours commençait, Chloé et Nathan se tournèrent vers nous.

Alors les filles, vous vous êtes amusées hier soir ?

Oooh mon gars, t'aurais vu Lily !!! A la fin, j'te juuure ! Elle se dandinait et tout !

Nathan et Sasha ricanèrent en silence, et Chloé et moi sourîmes discrètement.

Alors que je tentais de suivre le cours tant bien que mal, malgré les rires de Nathan et Sasha, mon esprit commença à divaguer. Le regard dans le vague, je commençai à me poser des questions par rapport à ma particularité, mes pouvoirs, et ce qu'ils signifiaient. Comment étais–je censée m'en servir ? Devais–je vivre éternellement avec ces pouvoirs cachés, et me fondre dans la masse ? Ou devais–je les dévoiler et aider les gens comme je pouvais ? Aider les gens... Qui voudrait de l'aide d'une gamine qui tourne à l'électricité ? C'est ridicule... On n’est pas dans un comics, ça ne passera jamais... Et puis, même moi je ne connais pas l'entière étendue de mes capacités, comment étais-je supposée faire quoi que ce soit dans ces conditions ?

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ».

Cette phrase me fit sourire. Qui aurait cru que cette phrase puisse avoir autant de sens dans le monde réel ? Et puis un grand pouvoir... À quel prix ? Devoir vivre cachée ? Ou rejetée des autres ?

Devoir perdre son père... ?

Cette pensée me calma d'un coup, et toute la masse de mon corps se fit ressentir d'un coup. La gravité avait–elle augmenté ?

Sasha me donna un coup de coude.

Hey Lily, ça va ?

Je la regarda, et son visage était sérieux. Je sortis une feuille de mon sac, et écrivis pour éviter d'informer les éventuelles oreilles indiscrètes.

« Je repensais à la mort de mon père et à mes pouvoirs. Mais t'inquiète, ça va passer »

« Tu veux en parler ? »

« Je me demandais juste... Est–ce c'est si bien que ça d'avoir cette capacité ? Est–ce que ça valait la peine que je perde mon père dans la même nuit ? Parfois, je voudrais récupérer ma vie d'avant, et avoir une famille complète... »

« Lily... Si c'était jamais arrivé, vous auriez jamais déménagé et tu aurais pas de petit frère. Et puis, on est là nous... Je suis là, moi »

« Je sais, je sais... C'était pas contre toi... Et puis, j'adore Cody, mais son père était un coup d'un soir de ma mère parmi tant d'autres... Va savoir si elle–même sait qui il est... »

« Au final, lui non plus il a pas de père, tu sais ? Et justement, ta mère a jamais remplacé ton père, elle l'aime toujours ! »

« Comment je suis censée savoir ça ?? Sasha, elle me parle jamais de lui ! Encore heureux que je passais beaucoup de temps avec lui, sinon j'aurais aucun souvenir de lui ! Quoi qu'au final, ça aurait peut être été mieux, je serais moins déprimée aujourd'hui... »

« Je pense juste que tout a un sens, et que tout ça n'est pas arrivé par hasard... C'est malheureux, et bien évidemment, je voudrais que tu aies ton père, je sais à quel point tu l'aimes toujours, mais regarde de quoi tu es capable maintenant ! »

En lisant cette phrase, les larmes me montèrent aux yeux. Je cachai mon visage comme je pouvais dans mes mains, faisant mine de me concentrer sur ma feuille de cours pour ne pas attirer les regards. Mon cœur était lourd, et je ne savais pas quoi penser de tout ça... Sasha passa sa main dans mon dos, et cela me détendit un peu. Je la regardai avec un sourire en coin, réalisant la chance que j'avais de l'avoir à mes côtés.

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Message posté le 12:21 - 29 août 2023

Mon ressenti à la fin de ma première lecture.

Il y a un point gênant, c'est l'écriture au passé simple. ce n'est pas franchement fluide, ça alourdit le texte je trouve.

Globalement, j'aime bien. On a quelques éléments intrigants et quelques éléments de compréhension. Peut-être même qu'ils sont là trop tôt.

Si tu veux avoir un texte plus conséquent, il va falloir rajouter des descriptions. Mais ça peut aussi rester ainsi, comme une nouvelle rapide, on va à l'essentiel.

J'essaierai de faire un commentaire plus construit quand j'aurai plus de temps.

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Message posté le 07:16 - 21 oct. 2023

Chapitre 1

Une Nouvelle Année


1er septembre – 30 septembre

Je sentis un souffle d'air frais caresser ma peau. J'ouvris doucement les paupières et regardai l'heure sur mon téléphone. Éblouie, je refermai les yeux, un sourire aux lèvres, et m'emmitouflai un peu plus sous la couette. C'est une des choses que j'aimais le plus au début du printemps ; laisser la fenêtre entrouverte la nuit et sentir l'air frais du matin, et mieux profiter de la chaleur et du confort de mes draps. Avec mes cauchemars qui me réveillaient à des heures aléatoires de la nuit, je m'endormais mieux ainsi.


« C'est une des choses que j'aimais le plus au début du printemps » —> La date plus haut n’indique pas plutôt la fin de l’été (septembre ?)

7h15. Mon troisième réveil m'arracha d'un coup du lit. Oui, troisième réveil, car un seul ne suffit jamais. La tête encore dans les vapes, je me levai et descendis bruyamment jusqu'à la cuisine. Mon petit frère était déjà en train de se goinfrer de céréales. MES céréales.


– Mamaaaaaan !! Cody a encore prit mes céréales !! Pourquoi il prend pas les siennes ??

Pris au lieu de prit.


Cette dernière me regarda avec un regard désapprobateur:

Sauf erreur on laisse habituellement l’espace entre le mot et les deux points.

– Voyons Lily, tu as 18 ans, tu as passé l'âge d'avoir des céréales licornes. Tu n'as qu'à prendre les siennes...

Le « voyons » est de trop ici à mon sens, mais c’est personnel.

– Mais je veux pas de ses céréales Cars ! Mamaaaan

Cody me regarda, et me tira la langue. Apparemment, j'allais devoir m'y faire.
Morose, j'avalai machinalement les céréales Cars tout en traînant sur les réseaux, à la recherche des dernières nouvelles apparues durant la nuit.

Je montai ensuite dans ma chambre, pris mes affaires, et me dirigeai vers la douche. L'eau glacée finit par me lasser. Je laissai donc mes doigts naviguer sous les filets d'eau, tout en pensant à la chaleur du soleil, et doucement, une eau chaude se mit à glisser sur ma peau, embrumant toute la pièce. En sortant, je passai une main sur le miroir, afin de voir mon reflet. Mes yeux verts se baladaient sur tout ce qu'ils pouvaient voir: ; mes long cheveux roux collés à mon cou tombant sur mes épaules, mon nez légèrement pointu entouré par des joues un peu creusées et une bouche rougie par la douche. Le tout sur un visage structuré par des mâchoires légèrement carrées et relevé par des pommettes éternellement rosées, étincelantes de tâches de rousseur. Un visage banal, simple. Tremblante, je me dépêchai de m'habiller pour ne pas rater Sasha.

Description réussie, mais j’ai un doute : l’eau glacée finit par me lasser ou me délasser ? Je crois comprendre que l’héroïne utilise ses « pouvoirs » pour chauffer l’eau à son contact.

7H50 pétante, une voiture klaxonna devant la maison, jusqu'à ce que je sorte.

– Bah c'est pas trop tôt ! Un peu plus et on partait en retard ! Le premier jour de l'année !!

Je levai les yeux au ciel, un sourire au coin des lèvres, et rentrai dans la voiture de Sasha. La musique à fond, elle démarra en trombe et nous chantâmes à plein poumons sur des musiques Disney. D'un claquement de doigts, j'augmentai le son d'un cran et en profitai pour chanter faux. Et me tromper sur les paroles sans aucun scrupule.


Ce qui est bien c’est qu’ici on doute encore quand elle parle de claquement de doigts : est ce un simple mouvement pour tourner le bouton de volume ou un vrai claquement aux effets directs via un pouvoir ? Bien trouvé.

Une fois garées devant l'école, nous nous mêlâmes à la foule d'élèves pour nous diriger joyeusement vers notre école.
~


En milieu de matinée, je me sentis fatigué, comme après avoir couru un marathon. Je jetai un coup d'œil discret à mon entourage, puis baissai les yeux vers mon bras gauche, et relevai délicatement ma manche. Un symbole de pile, comme pour les téléphones, apparu alors sur mon avant-bras, d'une légère lumière rougeâtre. Ce logo sur ma peau, sous ma peau techniquement, s'affichait presque vide et un « 15 % » flottait au-dessus.

J’aurais dit « batterie » à la place de pile, pour coller au vocabulaire téléphone.

Inquiète, je relevai les yeux. Me trouvant au milieu de la salle, j'étais donc loin des prises murales. Je jetai un coup d'œil autour de moi, en cherchant une source d'énergie. Qu'est–ce qui pouvait bien fournir une source d'énergie (répétition, je recommanderais peut être de fusionner les phrases : « je jetai un coup d’œil atour de moi, mais qu’est ce qui pouvait bien me fournir… ») au milieu d'une pièce ? Dans ma réflexion, mes yeux se baladèrent un peu au hasard dans la salle, sur les dossiers de chaises, sur les tables, sous les tables... Puis se stoppèrent au niveau des poches de pantalon de mes voisins. Ceux–ci avaient leur portable bien calé dans leur poche, et leur attention sur le cours. Une idée me traversa l'esprit, et je me demandais... J'approchai alors ma main droite le plus possible de la poche de mon voisin de droite, et tendis les doigts. Toujours avec la manche relevée, je fixai mon avant–bras gauche. Ne clignant pas une seule fois, un fin filet bleuté apparu du portable vers mes doigts tendus, et la pile se remplit doucement. « 20 % », « 25 % ». Un léger pétillement agréable remontait de mes doigts jusqu'au milieu de mon dos en passant par l'épaule, puis une sensation de soulagement se propagea dans mes muscles et tout le reste de mon corps. « 30 % », « 33 % ». Bon, c'était déjà ça. Seulement 18 % de plus me suffisait pour me sentir plus énergique.

Dernière phrase un peu lourde à mon goût. « Une petite recharge me suffisait pour me sentir déjà plus énergique ». Mais on obtient une répétition avec le déjà de « c’était déjà ça » juste avant, donc c’est pas parfait ^^’
~


A la pause déjeuner, je rejoignais Sasha et le reste de notre petit groupe devant le réfectoire. Revoir des visages familiers me comblai de joie. Nous discutâmes des cours de la matinée, de l'innocence des petits secondes et nous remémorâmes l'époque où nous étions à leur place avec une certaine nostalgie.

Si c’est on est sur le passé simple, c’est « combla » et non « comblai », car le sujet est à la troisième personne (c’est le verbe revoir en début de phrase). Si c’est l’Imparfait, c’est « comblait ». Plus loin, peut-être mettre une majuscule à secondes, pour qu’on comprenne qu’on parle des élèves ?

Nous arrivâmes ensuite dans la salle de réfectoire bondée, et j'éprouvais un léger malaise à me tenir debout devant autant de gens. Je me contentai de suivre ses amis sans réfléchir, et nous nous installâmes à une table près d'un mur. Je vérifia le mur discrètement, et remarqua – à mon grand bonheur – une prise murale. Mangeant d'une main, je tendis discrètement l'autre dans mon dos vers la prise, dès que j'en eu l'occasion.

« Je vérifiai » et « je remarquai » (passé simple). Et « j’éprouvai » sans S.

– Aloooors, vous avez fait quoi pendant vos vacances ? lança Chloé.

– J'ai passé les deux mois dans la ferme de mes grands–parents, ça m'a fait un bien fou d'être loin de la ville, sans télé et sans infos, répondit Nathan, l'air satisfait.

– Ah oui ? Elle est loin leur ferme ? Ils ont des vaches ? T'as rejoins ta vraie famille, les cochons ? plaisanta Sasha.

« t’as rejoint »

Je ne suivis qu'avec une faible attention la conversation, qui continuait sur le ton de la rigolade. J'étais absorbée par une autre table, à quelques mètres de la nôtre. Je posai mes yeux sur un garçon de mon âge, à la chevelure sombre et ondulée.
Théo.

Là j’ai un doute. Vu que tout est en passé simple, j’aurais plus vu « qui continua » à la place de « continuait ».

Ses parents étaient passionnés d'arts, et avaient nommé leur fils d'après le frère du célèbre peintre néerlandais. Comment le savais–je ? Théo était mon voisin depuis qu'une moi de 8 ans et sa mère avaient emménagé en ville. Et nos mères étaient amies. Alors, naturellement, on était devenus les meilleurs amis du monde.

Jusqu'au collège.

A cette pensée, une décharge électrique picota mes doigts et me ramena à la réalité.

La voix surexcitée de Sasha m'éclata aux oreilles :

– ... la musique était dingue !! Tout l'monde se poussait de partout, tout l'monde gueulait !! Et...

– Sasha, est ce qu'au moins, tu voyais le groupe ? l'interrompit Nathan, dépité.

Le visage de la ma meilleure amie s'ensoleilla.

– Bien sûr que je l'voyais ! Bon, j'devais sauter parc'que j'suis trop petite, mais j'le voyais !! s'enflamma Sasha.

– C'est sûr qu'avec ta taille de Hobbit... Intervins–je enfin avec un sourire en coin de lèvres.

Alors que Sasha me dévisageait avec un regard vengeur, Chloé se tourna vers moi et ajouta :

– Et toi Lily ? Tu nous a pas dit ce que t'as fait de ton été.

Je jetai d'abord un coup d'œil à mon bras : « 99 % ». Bon ! J'entendis au loin une voix masculine s'exclamer :

– Eeeh, c'est quoi ce bordel ?? J'avais ma batterie à bloc ce matin et là je suis à plat ! Les gars, c'est vous ça ??

Je rigolai silencieusement, et me remémorai ensuite rapidement mon été.

– J'ai... pas fait grand–chose. J'ai bricolé, j'ai lu, j'ai rattrapé mon retard en série, et euuh... Ah ! Le temps fort, c'était quand je me suis battue avec Cody pour savoir qui allait avoir le jouet du paquet de céréales. Et j'ai bossé aussi, au magasin de réparation en bas de ma rue.

Séries, avec un S. Sinon, on comprend plutôt qu’elle enchaine les retards de façon générale.

– Et même que y avait c'mec, là, qui faisait que de la draguer !!! ajouta Sasha. Sa fierté que moi, sa meilleure amie, ait enfin un semblant de vie sentimentale était tellement palpable que j'eu presque envie de rire.

Nathan et Chloé s'échangèrent un regard complice.

– Ooooh, il s'est passé quoi avec ce Mister ? s'intéressa Chloé avec un léger sourire.

– Il ressemblait à quoi ? Il avait une mâchoire carré ? J'adore les mâchoires carrés, ça me fait craqué, s'enthousiasma Nathan.

« Carrée » (on accorde à UNE mâchoire). Et « me fait craquer »

Je regardai Sasha avec la rage plein les yeux.
Du coup… ça la fait rire que sa pote aborde le sujet mais elle lui en veut beaucoup ?

– Merci Sashaaaa...

Sasha retourna à son assiette et à ses souvenirs du concert de la veille, tandis que je continuai :

– Ce mec–là, il ne s'est absolument rien passé avec lui. C'était juste un client super lourd, et j'suis sûre que c'était parc'qu'il était pas habitué à voir une fille bosser dans un magasin de réparation. Et non, il avait pas de mâchoire carré, ajoutai-je d'un ton désolé.

Nathan retourna alors avec déception à son assiette. Chloé posa sa main sur la mienne.

– Lily, ma belle, il doit bien y avoir un garçon qui te plaît, non ?

– Ou une fille ? s'enquit Nathan.

Je lui lança un regard amusé.

– Désolée Nath, mais pas de fille en vue.

Nathan fixa d'un air dépité son assiette, sans y toucher. Je vis Chloé, la fourchette à la main, regarder la mienne, et fronça les sourcils.

Mon regard, posé sur Théo au loin, se tourna vers cette dernière.

– Mais dis–moi, serais–tu en train de sourire ? T'as les joues bien rouges d'un coup ! s'exclama celle–ci.

Cette fois, je sentis mes joues chauffer un bon coup. Et merde.

Sasha sortit la tête de son plat, et s'exclama :

– Oooooh, tu m'avais dit il s'appelait comment déjà, ton voisin ?? T'sais, celui avec qui tu trainais H24 avant le collège lààààà !!!

Le groupe sursauta à l'intervention de Sasha tant elle était intervenue énergiquement. Sous le regard très attentif de ses amis et les joues brûlantes, je tapotai nerveusement sur mes jambes.

– Théééoo... hésitai–je. J'allais le regretter, je le sentais.

– Aaaah ouiii c'est ça !! Comme la meuf dans Haunting At Hill House là !!

On éclata tous de rire, sauf Sasha, perdue. Elle était prise d'un doute -; n’était-ce pas dans cette série qu'il y avait un Théo ?

A la fois – et ; qui se suivent, là c’est moi qui suis perdu ^^

– Attend, elle s'appelle pas Théo ? C'est pas ça ? s'assura–t–elle, troublée.

Persuadée de s'être trompée, Sasha nous regardait nous plier de rire. Un peu vexée par nos fous rires, elle balança :

– Bon Lily, vu que tu finis jamais ton assiette, j'me permets hein !

J'essuyai une larme entre deux fous rires, tandis que Sasha continuait de se goinfrer.
On rigola jusqu'à la fin de la pause.
~


Les cours de l'après–midi se stoppèrent à 15h pétante. Sasha parlant par–ci par–là, je me traînai seule jusqu'à la sortie en me remémorant la journée. A peine dehors, une main m'attrapa le bras. Je sursautai et me retournai pour voir le doux visage de Chloé.

– Oh désolée ma belle, je voulais pas te faire peur...

– Oh, t'inquiète, je suis habituée, avec Sasha...

Chloé esquissa un sourire compréhensif, et continua :

– Dis, je me demandais... Je me souviens plus t'avoir déjà demandé, mais, ça m'a frappé ce midi... C'est toujours Sasha qui finit tes repas... Est–ce–que... tu as... des troubles... alimentaire ?

Surprise, je bégayai :

– Ow ! Oh non, pas du tout ! Je sais... C'est vrai que je mange jamais beaucoup, mais j'ai pas besoin de grand–chose pour prendre du poids, alors...

Stressée, je souris timidement.

– D'accord ! Je te fais confiance ! En tout cas, si tu as le moindre problème, tu sais que tu peux venir me parler. A moi ou à Nathan hein, tu sais qu'on est là pour toi ! ajouta–t–elle, souriante.

– Oui, bien sûr que je sais que vous êtes là pour moi ! Pourquoi...

– Je sais que Sasha et toi, vous êtes déjà proches, m'interrompit calmement Chloé. Alors, je sais que tu lui parles, mais je voulais que tu saches, Nathan et moi, on est là aussi, si besoin.

Je la regarda droit dans les yeux. C'était la première fois qu'on avait cette discussion. Au milieu d'une foule d'élèves.

Au milieu du brouhaha, je répondis paisiblement :

– Chloé, je veux que tu saches, tu es autant mon amie que Sasha. Et pareil pour Nathan. Je veux surtout pas que tu penses que notre amitié compte moins pour moi que celle que j'ai avec Sasha.

– Je sais, je sais, c'est juste que...

– Sasha et moi, on se connait depuis le collège. J'avais pas d'amis et c'était une époque difficile pour moi, à la maison et à l'école. Sasha était là tout le long pour m'aider, même si certains jours, j'étais insupportable. Je ne veux pas que toi et Nathan pensiez que notre amitié à moins de valeur que celle que j'ai avec Sasha à cause de ça. Je tiens tout autant à vous, vraiment. Vous êtes mes amis, mes meilleurs amis, et je vous adore.

Sur ces paroles, je la serrai fort contre moi, un grand sourire aux lèvres.

– Awwww les filles, comment osez–vous faire un câlin sans moi ? s'écria une voix.

Et Nathan s'ajouta au câlin en nous serrant toutes les deux dans ses bras.
On fit une partie du chemin tous les trois, et parla à propos de tout et rien.

Jolie scène, les dialogues s’enchainent très proprement, j’aime bien =) Avec bon petit point de rappel sur les troubles de l’alimentation.
~


Une fois chez moi, je m'affalai sur son lit en étoile. Enfin ! Mon dos douloureux se reposa et je me vidai l'esprit. Je levai mon bras gauche : « 72 % ». En fixant le plafond, je repensai à ma discussion avec Chloé. Fallait–il lui partager mon secret ? En valait–elle la peine ? Et si je le disais à Chloé, il faudrait aussi le dire à Nathan. Sasha, je n'avais pas vraiment eu le choix, étant donné qu'elle m'avait carrément vu à l'œuvre. Je soupirai. Je restai un moment sans bouger, pensive.


« En valait-elle la peine » La réflexion est surprenante après leur précédent échange, si tenté que le sujet soit bien Chloé. Est-ce que ce n’est pas plutôt le « secret » ou « la vérité » qui ne vaut pas la peine de risquer l’amitié ? Et le 72% de batterie m’interroge. En moins d’une matinée, elle est tombé à moins de 20%, mais elle perd à peine 25% de midi jusqu’au soir ?

Comment avouer à mes amis être à moitié une humaine, à moitié une batterie ? Que mon corps dépendait tout autant de la même nourriture qu'eux que du même jus qui alimente téléphones, lumières et machines ?

Etais–je une humaine ?

Ou une machine ?

Sur cette pensée, je me paralysai, puis me redressai. Mon cœur battait la chamade.

J’ai du mal avec le passage ci-dessus. La première phrase vend la mèche trop rapidement (on pourrait se poser des questions encore quelques temps sans aborder le sujet si frontalement). Et le passage passé simple – imparfait est un peu perturbant.

Mon regard rôda autour de moi avant de se poser sur le tableau en liège au–dessus de mon bureau. Une photo prenait le pas sur tout le reste. Une petite fille affichait un grand sourire au côté d'un homme heureux. Mon cœur ralentit et se serra un peu. Mon père me manquait énormément ; pas un jour ne passait sans que je ne veuille lui raconter ma journée, ou le retrouver dans notre atelier pour bricoler tout et n'importe quoi.

Mon corps trembla légèrement, quelques larmes me montèrent aux yeux, et un sanglot s'échappa de ma gorge. J'haletai, et tentai de respirer du mieux que je pouvais. Je n'osai fermer les yeux, de peur de revoir les images de cette nuit. La Nuit.

Je me laissai tomber sur le côté, les joues humides, et pleurai silencieusement.
~


– Lily !! me hurla une voix.

Je me redressai en sursaut, et regardai autour de moi. Ma mère me fixait avec ses grands yeux, elle ressemblait à un hibou. L'esprit encore embrumé, je fronça les sourcils.

« Fronçai » et non « fronca ».

– Qu'est–ce qu'il y a, m'man ?

– Ça fait 10 min que je t'appelle ! s'exclama–t–elle. Tu dormais !

Remarquant mes yeux bouffis et mes yeux rouges, elle se calma et s'asseya près de moi.


« S’assit » et non « s’asseya ».

– Mais dis–moi, tu pleurais ? Tes yeux sont rouges... ajouta–elle en approchant sa main de ma joue.

Légèrement irritée par son intrusion dans ma chambre, je repoussai sa main d'un geste las.

– Noon... Je pleurais pas...

On resta ainsi quelques instants assises sur le lit, sans rien dire.

Ma mère remarqua la photo en évidence sur le tableau de liège ; et sur un ton calme, brisa le silence en première.

– On a jamais vraiment parlé de cette nuit–là, tu sais. Quand...

– Je sais ce qu'il s'est passé maman, l'interrompis–je sèchement. J'étais là, je te rappelle.

Un nouveau silence s'installa. Un silence pesant, cette fois.

– Descend. Le repas est prêt, ajouta–t–elle simplement.

Elle se leva et sortit de la chambre d'un pas ferme.

Je soufflai un bon coup, et m'allongeai de nouveau sur mon lit. Les souvenirs de cette nuit–là remontèrent douloureusement du fond de mon cœur, et m'arrachèrent quelques sanglots au passage. Depuis l'accident qui nous avait pris mon père, on ne discutait que rarement de ce qu'il s'était passé. Ma mère ne savait même pas qui sa propre fille était devenue depuis. J'étais censée mourir avec mon père, mais pour une quelconque raison, j'étais encore là, à chercher un sens à ma survie.

J’ai du mal à comprendre la temporalité. Plus haut, tu indiques que Lily s’est installée avec sa mère à 8 ans à côté de chez Théo. Donc je suppose après l’accident ayant emporté son père (ou bien famille séparée, mais je n’ai pas d’autres éléments en ce sens) ? Mais là on a l’impression que l’accident et donc sa condition sont assez récents (pas de discussions avec sa mère concernant l’incident, des questionnements d’apparence nouveaux quand à comment gérer sa condition).

Je descendis, m'installai à table, et tandis que je regardais ma famille, je réalisai à quel point je l'aimais.

« Regardai »
~


Plusieurs jours étaient passés depuis la rentrée, et une routine avait commencé à s'installer. Les klaxons de Sasha dès le matin, les midis entre amis, leur rires, les cours plus ou moins intéressants...

« Leurs rires »

Et Théo.

Je ressentais un léger pincement au cœur lorsque je l'apercevais au loin. Je ne pouvais m'empêcher de sourire, en repensant avec nostalgie à nos nombreux moments passés ensemble. Il était la première personne que j’avais rencontré après l'accident, et je me sentais tellement normale près de lui, alors même que ma vie changeait du tout au tout. Il ne savait rien de ce que je cachais, mais sûrement qu'il se doutait. J'avais toujours été différente depuis la Nuit, et Théo avait toujours été à mes côtés, comme deux acolytes face au monde. On était meilleurs amis, probablement plus que je ne l'ai jamais été avec Sasha. Il avait ce quelque chose qui me faisait me sentir unique.

Au collège, nouvelle école, nouvelles rencontres, nouveaux amis. Théo ne me regardait à peine depuis. On était voisins depuis toujours mais on ne rentrait même pas ensemble. Je devins alors le monstre aux yeux de tous, sans personne pour me soutenir ou me défendre. Jusqu'à l'arrivée de Sasha. On a toujours été inséparables depuis. Elle avait déjà un fort caractère et n'hésitait pas à courir après tous ceux qui osaient ne serait–ce que mal me regarder.


Puis-je suggérer « on ne rentrait même plus ensemble » plutôt que « même pas » pour accentuer le changement de relation ?

Et maintenant, je restais tout simplement moi–même, discrète et calme.

Je rentrais régulièrement à pied le soir, car Sasha traînait souvent avec d'autres amis à elle, et puis, j'aimais bien avoir du temps à moi pour penser à un peu de tout. Arrivée dans ma rue, je m'approchai de ma maison et ralentis devant celle de Théo. Nos maisons ont été construites symétriquement, et nos chambres tombaient donc face à face. Une première fenêtre donnant sur la rue où je me trouvais, et une deuxième donnant sur la chambre de l'autre. J'observai un moment la fenêtre côté rue de Théo, un sourire aux lèvres. Beaucoup de bons souvenirs se sont construits dans cette chambre. Je ressentis une légère joie en repensant à quel point nous nous amusions à l'époque. Je repris paisiblement le chemin vers chez moi et, toujours le sourire aux lèvres, me dirigeai directement vers ma chambre, remarquant à peine que les voyants des appareils électriques autour de moi clignotaient.

Je jetai mon sac dans un coin de la chambre et m'affalai sur mon lit, les bras étendus de chaque côté du corps. Repenser à tous ces souvenirs me rendit nostalgique, et j'eus envie de reprendre contact avec lui dans les temps à venir. Mais comment m'y prendre ? Ça fait tellement longtemps que l'on ne se parlait plus.

La vibration de mon téléphone me sortit de mes pensées. Sasha m'alertait qu'une soirée avait lieu ce soir même. Un peu contrariée, je l'appelai :

– Sasha. Tu sais très bien que je vais pas en soirée, annonçai–je sèchement.

– Lilyyyy, alleeeez quoi !!

– Comment ça « allez » ? J'aime pas ça ! Tu sais très bien que déjà j'aime pas quand y a beaucoup de monde, et puis je supporte pas tous les hypocrites qu'on croise aux soirées.

– Lily. Écoute moi. On est en terminale, à la fin de l'année, on passe le bac. Tu vas dire quoi à tes gamins plus tard ? Que t'as passé tes années lycée à faire que bosser et à te terrer dans ton coin ? Que t'as rencontré leur père à la fac, ou à la boutique au bout de ta rue ?

– Sasha, joue pas à ça...

– Je déconne même pas là ! Tu sais que je t'adore, et normalement j'aime pas te forcer la main, mais là, je peux pas te laisser comme tous les ans au fond de ta chambre. Alors tu vas ramener ton p'tit cul chez Steve ce soir, à 21h, et tu vas t'éclater. Toute. La. Nuit.

– Je suppose que j'ai pas le choix...

– Ooooh, désolée si je t'ai laissé croire à un moment que t'avais un choix ! Moi j'te le dis, ce soir t'es chez Steve !

Et elle raccrocha.

Les sourcils froncés, je restai braquée un moment. Une soirée, bourrée de monde à qui je n'avais jamais parlé, et que je n'avais jamais apprécié. Tout ce dont j'avais besoin.

Je me redressai et regardai l'heure sur mon téléphone. Il était déjà 17h. Un coup d'œil à mon bras m'indiqua que j'étais à 68 %. C'était largement suffisant pour tenir jusqu'au lendemain soir sans dormir. J'observai mon bras et passai mes doigts sur les caractères lumineux. J'étais assez fière de mon œuvre. Après avoir compris il y a quelques années que je fonctionnais comme une batterie, j'étais allée au garage et, avec les moyens du bord, m'étais fait un petit écran capable d'afficher la quantité d'électricité d'un circuit électrique. J'avais ensuite douloureusement réussi à le connecter à mon système nerveux, l'écran bien calé sous ma peau, afin de voir où j'en étais. Je ne savais pas trop où était « stocké » mon énergie électrique, mais en tout cas, l'écran faisait son boulot.

Première réflexion que je me suis fait : « Dis donc ils sont doués les lycéens de nos jours ! xD » Blague à part, elle a donc fait de l’électronique ET de la chirurgie toute seule dans son garage alors qu’elle était encore au collège ? J’ai conscience que la suspension d’incrédulité devrait faire passer ça crème, mais je crois que la difficulté à m’assurer de la chronologie des évènements fait que je suranalyse un chouïa.

Motivée, je repris mes cours et travaillai jusqu'à l'arrivée de ma mère. Je redressai la tête et m'aperçus de l'heure. J'avais tout juste le temps de me préparer.

Je descendis enfiler mes chaussures et prévins ma mère que je faisais une soirée pizza/film chez Sasha, puis partis ensuite en courant. Steve n'habitant pas si loin de chez nous, courir n'était pas un problème.

Arrivée sur place, la musique résonnait déjà à fond. Je m'approchai de la maison, et entendit des voix retentirent de l'intérieur. Alors que je m'apprêtais à sonner, la porte s'ouvrit brusquement.

– Lilyyyy ! T'es là !! Quand Sasha m'a dit que tu venais, je ne l'ai pas cru !

Le sourire constant de Steve m'agaçait plus que tout. Je passai outre ma nervosité, et souris en retour, ne prenant pas la peine de montrer mes dents. Sans dire bonjour, je m'avançai et passai dans le mince espace entre l'hôte de la soirée et la porte.

Je me retrouvai face à des lumières colorées et vives, éclairant tout le salon. Des boissons et des verres occupaient le moindre espace disponible de chaque meuble et table présents dans la pièce ; je reconnus des personnes de mon lycée, un verre ou une bière à la main. Ils parlaient et rigolaient entre eux, ce qui, une fois mélangé à la musique, créa un brouhaha.

C'était donc ça, les légendaires soirées de Steve...

Ce dernier apparut à côté de moi :

– Alors, dis–moi ma jolie, tu bois quoi ?

Je tournai lentement la tête vers lui avec un regard noir. Ne préférant pas réagir au petit nom qu'il m'avait donné, je haussai les épaules et me dirigeai vers une des nombreuses étendues de boissons. Alors que je me servais du jus de pommes, Sasha arriva près de moi avec une tape dans le dos.

« Etendue de boissons » -> J’aime bien, la formule fonctionne vraiment.

– Eeeeehh Lily, j'suis trop contente que tu sois venue !

– Tu m'as pas trop laissé le choix non plus, hein...

– Toi non plus ! Tu sors jamais ! Fallait bien que je te sauve de...

Elle préféra se taire devant mon regard noir. Elle continua :

– Tu bois que du jus de pommes ? Tu sais que c'est qu'un diluant, non ?

Blasée et confuse, je plissai les yeux.

– Sérieusement ? Tu sais pas ce que c'est un diluant ?

– Un diluant de quoi... ?

– Bah, d'alcool.

– Sasha, commençai–je sur un ton sarcastique, le jus de pommes, c'est pas un diluant, c'est une boisson ! Et c'est exactement ce que je vais boire toute la soirée. Je vais pas laisser des gens gâcher cette boisson divine avec de l'alcool.

Sasha s'inquiéta, visiblement choquée par mon attitude :

– Lily, ça va pas ?

– Si, ça va, je voulais juste passer la soirée tranquille chez moi, et à part toi, j'aime pas les gens qui sont ici.

Sasha réfléchit un instant, puis proposa :

– Je vais te présenter des gens, tu verras, ça ira mieux après.

Même si ma méfiance prenait le dessus, je me laissai faire et la suivis.

Par contre ici je suis pas sûr de « prenait le dessus », ça n’a pas l’air de traduire ce que tu décris en terme d’action. Peut quelque chose comme « ma méfiance en état d’alerte », une formule qui indique qu’elle reste vigilante. Car avec « prenait le dessus », je m’attends à ce qu’elle parte ou refuse de suivre. Mais c’est perso.

Je parlai à un petit groupe de personnes et accompagnée de mon jus de pommes, restai avec eux pour le reste de la soirée. Sasha peina à me faire bouger au rythme de la musique, à défaut de me faire danser. Les blagues fusèrent, et les rires animèrent le reste de la soirée.

« Peina » -> Sous entendant plus un échec, non ? « Réussit à grande peine » plutôt ?

Je pus même apercevoir comme un semblant de complicité entre Steve et Sasha. Plusieurs regards amusés se croisèrent au mien, m'informant que l’'on pensait pareil.

Je me surpris presque à bouger de moi–même au rythme de la musique, et Sasha m'observa, immobile, choquée de me voir m'amuser à une soirée, qui plus est ma première soirée.

A 4h tapante, je m'affalais sur mon lit et fixais le plafond, un grand sourire aux lèvres. La soirée s'était déroulée bien mieux que ce que je m'étais imaginée. Les quelques–uns avec qui j'étais restée avaient été sympa avec moi tout le long. Je m'endormis alors paisiblement, un sourire en coin.
~


A 7h pétante, l'alarme me fit sursauter. Je sautai de mon lit et n'eut qu'à jeter un coup d'œil aux lampes pour les allumer. Je parcouru avec bonne humeur mon placard à la recherche de ma tenue du jour, et les lumières scintillèrent joyeusement dans la pièce. Je passai dans la salle de bain, allumai l'eau et la fit chauffer à la température idéale. Enfin propre, et toujours sur la même énergie, je sautillai jusqu'à la cuisine et attrapai mes céréales licorne.


Du coup elle a pu se brancher durant la nuit c’est ça ?

Maman me remarqua du coin de l'œil :

– Et bien ma chérie, tu es de bien bonne humeur ce matin !

J'affichai mon plus grand sourire et m'assit à ma place. Cody descendit précipitamment, et s'arrêta brusquement :

– Lily !! Depuis quand tu manges tes céréales ?

Je lui jetai un coup d'œil, un sourire en coin :

– Depuis que t'es trop lent pour te lever !

Il attrapa ses céréales sur un air de défi et s'assit en face de moi. La guerre à celui qui finirait ses céréales en premier avait commencé. La rapidité de la cuillère du bol à la bouche et la vitesse de mastication constituaient des paramètres très importants dans la réussite de cette épreuve matinale. J'amenais plusieurs petites cuillères à ma bouche et mâchais le plus vite possible, tandis que Cody enfournait des cuillères pleines et mâchait autant qu'il pouvait. Nous finîmes notre dernière bouchée ensemble. Nous nous levâmes lentement, et dignement, nous rangeâmes nos bols. Nous nous fîmes face et nous affrontâmes du regard une dernière fois. Sur un air de défiance, nous nous dirigeâmes tout d'abord lentement vers les escaliers, puis fîmes la course au premier arrivé à l'étage.

À peine eus-je fini de me préparer que le klaxon de Sasha retentit sous ma fenêtre. J'attrapai mon sac et dévalai les escaliers.

– Salut m'man, à ce soir !

Je n'attendis pas sa réponse et me précipitai au côté de ma meilleure amie.

– Eh beh ! Y en a une qui est en forme aujourd'hui !

– Ouiiii !! Pas toi ?

Je pris alors seulement le temps de remarquer son visage. Ses traits étaient tirés, des poches sombres étaient apparus sous ses yeux plissées par la fatigue, et ses cheveux à la propreté douteuse étaient retenus en un chignon tout aussi douteux. J'en vins à me demander comment il tenait en place, et surtout, comment elle avait réussi à rouler jusqu'à chez moi avec des yeux aussi peu ouverts.

– Sasha... Tu me fais peur... T'es sûre que ça va ?

– Oui Lily, ça va, dit–elle d'une voix éraillée.

Je m'enfonçai dans mon siège et serrai mon sac contre moi, inquiète de l'état de mon amie.
Arrivées en cours, nous nous installâmes à nos places habituelles, et Chloé et Nathan se placèrent devant nous. Pendant que je m'installais, je ne pus m'empêcher de remarquer quelques regards amusés qui se baladaient dans la salle. Je reconnu les visages de la veille, et celui d'un garçon de la veille se tourna vers moi, un sourire en coin. Gênée par l'insistance de son regard, je détournai les yeux.

– Bah alors Lily, ça drague en cours ? pouffa Sasha.

Sa remarque me tira un petit sourire. Non mais franchement, je connaissais personne de la veille, à part Sasha, évidemment, et Steve, mais seulement de loin. Comment pouvait-je m'intéresser à quelqu'un d'autre en aussi peu de temps ?

Alors que le cours commençait, Chloé et Nathan se tournèrent vers nous.

– Alors les filles, vous vous êtes amusées hier soir ?

– Oooh mon gars, t'aurais vu Lily !!! A la fin, j'te juuure ! Elle se dandinait et tout !

Nathan et Sasha ricanèrent en silence, et Chloé et moi sourîmes discrètement.

Alors que je tentais de suivre le cours tant bien que mal, malgré les rires de Nathan et Sasha, mon esprit commença à divaguer. Le regard dans le vague, je commençai à me poser des questions par rapport à ma particularité, mes pouvoirs, et ce qu'ils signifiaient. Comment étais–je censée m'en servir ? Devais–je vivre éternellement avec ces pouvoirs cachés, et me fondre dans la masse ? Ou devais–je les dévoiler et aider les gens comme je pouvais ? Aider les gens... Qui voudrait de l'aide d'une gamine qui tourne à l'électricité ? C'est ridicule... On n’est pas dans un comics, ça ne passera jamais... Et puis, même moi je ne connais pas l'entière étendue de mes capacités, comment étais-je supposée faire quoi que ce soit dans ces conditions ?

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ».

Cette phrase me fit sourire. Qui aurait cru que cette phrase puisse avoir autant de sens dans le monde réel ? Et puis un grand pouvoir... À quel prix ? Devoir vivre cachée ? Ou rejetée des autres ?

Devoir perdre son père... ?

Cette pensée me calma d'un coup, et toute la masse de mon corps se fit ressentir d'un coup. La gravité avait–elle augmenté ?

Sasha me donna un coup de coude.

– Hey Lily, ça va ?

Je la regarda, et son visage était sérieux. Je sortis une feuille de mon sac, et écrivis pour éviter d'informer les éventuelles oreilles indiscrètes.

« Je repensais à la mort de mon père et à mes pouvoirs. Mais t'inquiète, ça va passer »

« Tu veux en parler ? »

« Je me demandais juste... Est–ce c'est si bien que ça d'avoir cette capacité ? Est–ce que ça valait la peine que je perde mon père dans la même nuit ? Parfois, je voudrais récupérer ma vie d'avant, et avoir une famille complète... »

« Lily... Si c'était jamais arrivé, vous auriez jamais déménagé et tu aurais pas de petit frère. Et puis, on est là nous... Je suis là, moi »

« Je sais, je sais... C'était pas contre toi... Et puis, j'adore Cody, mais son père était un coup d'un soir de ma mère parmi tant d'autres... Va savoir si elle–même sait qui il est... »

« Au final, lui non plus il a pas de père, tu sais ? Et justement, ta mère a jamais remplacé ton père, elle l'aime toujours ! »

« Comment je suis censée savoir ça ?? Sasha, elle me parle jamais de lui ! Encore heureux que je passais beaucoup de temps avec lui, sinon j'aurais aucun souvenir de lui ! Quoi qu'au final, ça aurait peut être été mieux, je serais moins déprimée aujourd'hui... »

« Je pense juste que tout a un sens, et que tout ça n'est pas arrivé par hasard... C'est malheureux, et bien évidemment, je voudrais que tu aies ton père, je sais à quel point tu l'aimes toujours, mais regarde de quoi tu es capable maintenant ! »

En lisant cette phrase, les larmes me montèrent aux yeux. Je cachai mon visage comme je pouvais dans mes mains, faisant mine de me concentrer sur ma feuille de cours pour ne pas attirer les regards. Mon cœur était lourd, et je ne savais pas quoi penser de tout ça... Sasha passa sa main dans mon dos, et cela me détendit un peu. Je la regardai avec un sourire en coin, réalisant la chance que j'avais de l'avoir à mes côtés.


« En lisant » —> Pas plutôt « en entendant » ?
J’ai un truc qui gène un peu dans ce dernier passage « post fête » : je trouve que les réflexions sur le pouvoir tombe comme un cheveux sur la soupe. L’héroïne sort d’une fiesta qui apparemment s’est bien passé, elle est sur une espèce de petit nuage et là… Pouvoirs. Si encore il y avait eu une manifestation régulière ou même incontrôlée dans le cadre du lycée, ça aurait pu être élément déclencheur. Mais là je trouve que ça arrive trop gratuitement.
Et puis une discussion aussi longue en classe, sans que le prof ne les coupe ? J’y crois pas perso xD

En conclusion je dirais :
Le texte est réussi dans sa description de l’adolescence « un peu cliché mais c’est pas un problème ». Je trouve le personnage attachant (j’aime bien qu’on ne me présente pas un énième ado mal dans sa peau qui par conséquent se met misère aux soirées et test tous les trucs répréhensibles possibles, mais ça c’est moi qui suis rabat joie) et les relations entre perso très claires et bien gérés. Les dialogues sont très efficaces et crédibles. Les cadres sont bien décris (mention spéciale à l’intro de la fête).
Maintenant ce qui pêche selon moi est le passage sur les pouvoirs. Lié à la temporalité complexe des évènements passés, j’ai eu bc de mal à comprendre comment fonctionne son pouvoir, les conditions d’obtention et les impacts. A mon sens tu aurais pu aborder les détails dans un chapitre 2 et conserver dans celui-là le mystère pur : que le lecteur constate les habitudes (pourcentage à surveiller, recharge sauvage nécessaire, impact sur l’electronique autour d’elle, etc…) et partir sur le fonctionnement lui-même dans un autre chapitre. Et la narration au passé simple, c’est pas ultra facile à suivre non plus, en plus d'être un nid à fautes de conjugaison potentielles.
Mais merci pour ton partage et bon courage pour la suite de la rédaction !

Ex (lecteur beta long au démarrage)

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